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Pian Sport Evasion

2 octobre, mardi, brame du cerf, à Hourtin

4 Octobre 2018 , Rédigé par Bernard Publié dans #Randonnée

2 octobre, mardi, brame du cerf, à Hourtin

L’automne s’installe progressivement mais l’été fait de la résistance. Les vacanciers ont quitté la région depuis plusieurs semaines et le club a repris son rythme de sortie.

Ce soir, les cerfs nous attendent en forêt d’Hourtin pour nous jouer un concert de « brames » … Tenue de soirée exigée : chaussures de rando, vêtements sombres mais parfums prohibés afin de ne pas troubler les solistes.  Banal me direz-vous, eh bien, je vais vous décevoir en vous disant que ce fut une magnifique et impressionnante soirée dont le rendez-vous était fixé à 20 heures pour les dix-huit convives présents.

  • Magnifique

Magnifique par son entame à notre arrivée vers les 17 heures au port d’Hourtin avec un coucher de soleil flamboyant auquel succéda un dégradé de couleurs pastel sur le lac. Le groupe a profité du temps restant avant le dîner pour déambuler dans un parc au bord de la lagune et chacun, à sa façon, a pu refaire le monde pendant ces quelques instants de partage. Cette première partie s’est achevée autour d’une de ces solides tables en bois qui peuplent les espaces communaux. Agréables moments d’échanges, de rires autour d’un verre de vin, de morceaux de pizza, de charcuterie et surtout de gâteaux fabriqués avec soin par les maîtresses de maison.

Il est bientôt temps de tout remballer pour rejoindre les guides qui nous attendent derrière l’église d’Hourtin.

  • Impressionnante

La nuit est tombée et Pascal (fédération de chasse) et Sébastien (association Ecoacteur) mènent le convoi de voitures à travers des chemins forestiers vers une tonne de chasse et d’observation que nous rejoignons à pied dans le noir sans lampe électrique. Nous commençons à comprendre qu’il faut être discret. Au loin on entend un premier brame.

La tonne nous accueille : c’est un abri creusé dans le sable en bordure du lac et qui, après des années d’existence, s’est progressivement transformé en un vaste gîte confortable : lits, tables, douche dans un coin. C’est le moment choisi par nos hôtes pour nous transmettre les informations sur la vie dans la forêt qui nous entoure.

Une vingtaine de cerfs issus de la forêt de Fontainebleau (il semble selon internet que ce soit Chambord) a été introduit dans les années soixante. Aujourd’hui, ils seraient aux environs de 1500 en sachant que tous les ans plusieurs centaines sont prélevées (terme élégant pour dire qu’ils ont croisé la trajectoire d’une balle). Les territoires devenant trop exigus, la pression des cervidés est telle qu’ils se rapprochent des habitats pour se nourrir. Ils cherchent refuge près des routes car ils semblent avoir compris que les chasseurs respectent les règles de sécurité de tir, augmentant ainsi considérablement les risques de collisions avec les véhicules.

 

Pascal est un passionné qui nous fait partager ses connaissances et son amour de la nature. Il nous explique les processus complexes de reproduction et la compétition parfois violente entre les mâles en rut pour s’approprier une harde de biches…qui ne sont fertiles que vingt heures par an. La période de reproduction légèrement variable dans le temps se situe entre septembre et mi-octobre de façon à ce que les femelles mettent bas au printemps. Les cerfs reviennent d’une année sur l’autre sur les mêmes places de brame. Nous avons droit à un cours … l’animal pousse cinq cris différents que je ne peux reproduire ici mais dont je vais tenter de vous donner la traduction :

  • Le premier est bref et veut dire : « attention les filles, j’arrive »
  • Le deuxième est profond : « Attention les gars, c’est ma place, n’approchez pas et allez voir ailleurs si j’y suis »
  • Le troisième est guilleret « ça y est, je vais être papa »
  • Le quatrième colérique et intimidant « mais il insiste le gamin…il veut me piquer ma mousmée…je vais lui flanquer une ratatouille avec mes cornes »
  • Le cinquième est fatigué après un combat : « il l’a bien cherché le morveux qui se prend pour un homme. Moi j’en ai plein les sabots de ces intrus »

Je ne sais pas si j’ai tout compris sur le brame…. Mais vous avez l’essentiel vous permettant de traduire en live celui d’un cerf que vous rencontreriez au coin d’un bois, énervé par des biches jouant les vampes parce qu’il n’est pas encore l’heure...

 

Enfin, avant de rejoindre le point d’observation dans la forêt, Pascal nous précise que le cerf est violent (et surtout pas très ouvert à la négociation dans cette période où il perd presque 50 kg parce qu’il ne pense qu’à jouer avec ses petites camarades en oubliant de s’alimenter) car il peut charger tout ce qui bouge…même nous. Zut nous n’avons pas pris les côtes de maille. Tant pis on se cachera dans les voitures. Il peut même foncer sur les voitures nous précise-t-il… fin de soirée détendue et conviviale à venir…Je vais me déguiser en piaf et me poser sur une branche…Pourvu qu’il ne se déguise pas en ours !

 

Enfin pour achever de nous remonter le moral, il nous met en garde à plusieurs reprises sur les animaux qui vont certainement batifoler sur la route du retour vers Le Pian. Nous avons une chance (supérieure à celle du loto) de voir un chevreuil, sanglier ou cerf venir se vautrer sur le capot de la voiture entre les balais d’essuie-glaces …Que sommes-nous venus faire dans cette galère ??

 

 

Forts de toutes ces connaissances et de ces conseils rassurants, nous partons enfin nous poster dans la forêt. Le ciel est magnifique, digne d’une soirée du mois d’aout. Le silence des participants est exceptionnellement (presque) total. Chacun devant se dire in petto qu’il est inutile d’informer les bébêtes absorbées par leur travail que nous sommes là. Après tout elles ont raison de ne pas avoir envie d’être dérangées quand elles font leurs galipettes.

 

Et le concert commence… neuf « brameurs » devant nous et trois derrière. On est cerné…mais on ne les voit pas. D’ailleurs, je ne suis pas certain d’avoir envie d’en voir un…Pascal nous fait un point de situation dans cette ZAC Landaise (ND). Pas de conflit pour l’instant. Ils ont l’air content mais ils ne savent pas encore que la moitié d’entre eux va passer de vie à trépas dans quelques semaines…

 

Nous restons une bonne heure à écouter ce concerto de trombones à coulisse et de cornes de brume. Magique, angoissant et poignant. C’est la nature à l’état brut. Nous découvrons un aspect ignoré de la forêt qui ne nous laisse pas insensibles et que l’on conjure en plaisantant. Grand moment !

Pascal a raison de nous avoir alertés. Un magnifique petit faon, qui a dû être modèle chez Wald Disney, traverse la route devant la voiture. Il est superbe et je teste vigoureusement mes freins… tout fonctionne. Bébé va bien et court rejoindre maman…

 

Enfin !!! J’ai vu mon premier chevreuil de la soirée mais il ne bramait pas encore…

 

 

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